La pandémie mondiale, le conflit armé aux portes de l’Europe et la crise économique et sociale qui perturbent notre quotidien depuis plus de trois ans ont très largement accentué le climat particulièrement anxiogène auquel notre société fait face. Les entreprises s’organisent pour réduire les risques psycho-sociaux, pour le bien-être de leurs salariés dont le moral n’a jamais été aussi mis à mal ces dernières années. L’hôpital n’échappe pas à la règle. Certes, les besoins des personnels de santé en matière de qualité de vie au travail demeurent des sujets qui sont depuis longtemps au cœur des préoccupations mais dont nous prenons toutes et tous de plus en plus conscience au gré des évènements qui jalonnent cette période troublée. Et les projets architecturaux de nos établissements de santé prônent davantage le dialogue avec les professionnels de santé pour mieux prendre en considération leurs besoins et leurs pratiques.
Au travers nos différentes publications mais également les congrès que nous organisons à Menton ou à Bruxelles, nous avons à cœur de rappeler que l’hôpital ne se résume pas à un simple geste architectural : il doit refléter un projet médical, un projet de soins mais aussi un projet de vie au sein même de l’établissement ! Ces dernières années, les architectes ont fait évoluer leur réflexion sur le traitement des espaces, ils échangent plus volontiers avec les équipes, l’objectif étant de mieux comprendre la complexité de certaines problématiques sur le terrain. Parmi les sujets majeurs de ces réflexions, en dehors des enjeux traditionnels liés à la gestion des flux ou à l’environnement, la qualité de vie au travail s’impose dorénavant d’elle-même car nous avons besoin que les utilisateurs se sentent bien à l’hôpital malgré la difficulté de leurs missions. Les architectes réfléchissent sur tous les aspects qui composent cette qualité de vie : accessibilité, distances à parcourir, lieux de convivialité et d’échanges, nuisances sonores… Certains développent même des initiatives quand d’autres s’inspirent de modèles à l’international, comme, par exemple, le modèle américain du « Magnet Hospital » permettant d’améliorer l’attractivité et la fidélisation par l’excellence et la qualité de vie au travail.
Nous le savons toutes et tous, à eux seuls, les établissements de santé gèrent plusieurs millions de mètres carrés d’espaces dans lesquels travaillent quotidiennement leurs équipes. En partant du constat que l’ensemble de ces établissements conduisent depuis plusieurs années des projets de rénovation, de construction et de modernisation de leur patrimoine dont certains concernent directement l’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail des professionnels de la santé, la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) et l’Union des Architectes Francophones pour la Santé (UAFS) se sont rapprochées pour récompenser les projets mettant en avant la qualité architecturale au service du bien-être, de la santé et de l’amélioration des conditions de travail des professionnels du monde de la santé. Ainsi, ce trophée valorise le travail collaboratif réalisé par une équipe de maitrise d’ouvrage et une équipe de maitrise d’œuvre. Il sera désormais décerné chaque année par un jury présidé en 2023 par Yann Bubien, directeur général du CHU de Bordeaux, qui a rappelé plusieurs fois dans notre revue l’importance de prendre en compte cette notion de bien-être car selon lui, « un soignant bien traité est un soignant bien traitant » !
Pour Pierre de Coubertin, « chaque difficulté rencontrée doit être l’occasion d’un nouveau progrès ». Gageons que les épreuves que nous traversons aujourd’hui puissent permettre de mieux nous épanouir demain dans notre travail !
Christophe Pradier
Rédacteur en chef adjoint
Secrétaire Général de l’UAFS