La forte croissance de la population âgée, qui devrait doubler au cours des 30 prochaines années, nous force à repenser l’offre de santé pour éviter une grave crise sociétale. Si l’augmentation de la durée de vie est une chance en soi, elle est également un facteur d’aggravation de la dépendance liée au très grand âge… Sanitaire ou médico-social, tous les secteurs de la santé sont concernés. À l’image de l’Hôpital des fragilités mis en place au sein du Centre Hospitalier Gériatrique du Mont d’Or, les initiatives sont nombreuses pour prévenir cette dépendance. L’EHPAD d’aujourd’hui est tellement différent de la maison de retraite d’hier. L’accueil en institution est retardé au maximum et l’admission est généralement motivée par la survenue d’un accident ou par l’apparition de troubles du comportement liés à la maladie ou au grand âge.
Face à ce constat, les EHPAD doivent s’adapter et, dans ce contexte, l’architecture des futures structures et l’humanisation des espaces jouent de plus en plus un rôle dans le traitement de toutes ces pathologies et le ralentissement de leurs effets. Notre rédaction a d’ailleurs consacré un numéro Hors-Série dédié à ces évolutions qui a eu un très large écho. (cf dossier « prise en charge des personnes âgées », page 09). Nos voisins européens, également confrontés à cette problématique du vieillissement, développent des initiatives innovantes. En Suisse, par exemple, la Fondation Saphir accueille et accompagne les personnes fragilisées dans leur intégrité physique et psychique au cours de leur processus de vie. Avec ses projets d’EMS proposant très tôt une grande qualité hôtelière et ses colocations dédiées aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, la fondation a clairement démontré son caractère visionnaire et l’importance qu’elle accorde à l’anticipation des besoins de la population âgée de son territoire.
Au cours des prochaines années, tous les acteurs de la santé devront être capables de répondre à ces demandes toujours plus spécifiques. Ils auront à se doter de structures et d’outils dédiés formant un ensemble plus cohérent et correspondant aux besoins de la population. Chacun de nous sait que le recrutement de personnels soignants et le financement de projets de modernisation ne seront pas suffisants pour répondre aux enjeux majeurs auxquels nos aînés seront confrontés. De nouveaux modèles fondés sur la solidarité, l’autonomie, la personnalisation et l’éthique de la prise en charge devront émerger. C’est notre devoir à toutes et tous de veiller sur nos aînés et de les accompagner !
Christophe Pradier
Coordinateur de la Rédaction